La Fondation Village d’enfants Pestalozzi a été créée sur la base de l’idée, répandue à l’époque, selon laquelle une paix durable passe par des rencontres et des échanges entre les nations, et de sa concrétisation à des fins pédagogiques. À Trogen, la « Société des Nations » destinée aux enfants devait servir de modèle d’expérimentation de la cohabitation pacifique et ainsi démontrer au monde que la paix est une réalité qui s’apprend.
La Convention internationale des droits de l’enfant des Nations-Unies (CIDE) fêtera cette année son 30e anniversaire. Une occasion parfaite pour aborder sous cet angle le thème de la jeunesse et de la promotion de la paix. Dans son préambule, la CIDE précise « qu’il importe de préparer pleinement l’enfant à avoir une vie individuelle dans la société, et de l’élever dans l’esprit des idéaux proclamés dans la Charte des Nations Unies, et en particulier dans un esprit de paix, de dignité, de tolérance, de liberté, d’égalité et de solidarité. » Cet esprit de paix ainsi que la mise en place d’une culture de paix sont évoqués également dans des documents de l’UNESCO et d’autres agences des Nations-Unies, mais aussi proclamés dans la cible 4.7 des ODD comme critère d’une éducation de qualité pour tous, à atteindre en 2030. Il est clair que l’éducation ne suffit pas pour promouvoir la paix. Mais la transmission de contenus adéquats via une pédagogie adaptée aux enfants contribue incontestablement à la coexistence pacifique. C’était la conviction de Walter Robert Corti en 1944 par rapport à la Seconde Guerre mondiale, et cette idée sous-tend encore aujourd’hui les projets de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi en Suisse comme à l’étranger.
«Si le royaume des cieux est en nous, nous ne le trouverons que lorsque nous cesserons d’enseigner aux enfants pour apprendre d’eux.»
Walter Robert Corti, dans la revue « Du » d’août 1944
Ces vingt-cinq dernières années, le Village d’enfants Pestalozzi accueillant les orphelins de guerre et les enfants réfugiés s’est transformé en un lieu de rencontre international spécialisé dans les échanges interculturels. Rien qu’en 2018, plus de 2000 enfants et jeunes venus de Suisse et de 18 autres pays européens ont visité le Village d’enfants de Trogen et participé à différents types de projets d’échanges.
Le Programme Suisse de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi vise à jouer un rôle actif dans l’éducation non formelle. Dans le domaine des loisirs, il propose notamment des activités éducatives informelles, comme par exemple la maison de la jeunesse du Village des enfants qui est gérée dans le cadre d’une animation jeunesse en milieu ouvert. Le village dans son ensemble fait office de laboratoire d’apprentissage protégé. L’enseignement y est perçu comme un processus dynamique d’acquisition de connaissances, d’aptitudes et de compétences qui renforce les individus et leur permet de se forger une position basée sur des valeurs et de faire évoluer leur comportement individuel de manière à trouver une solution non violente aux conflits.
Le travail effectué dans le cadre des projets repose sur trois principes : le rapport à soi et le rapport au monde des enfants et des jeunes participants, dans le cadre d’un travail éducatif basé sur la dynamique de groupe et sur les méthodes d’une pédagogie du dialogue. Sur le plan du contenu, les thèmes centraux sont l’éducation interculturelle et politique, la question de la diversité sociétale et l’éducation aux médias. Conformément à l’art. 12 de la CIDE, les jeunes concernés participent au choix des thèmes. Quatre objectifs prioritaires doivent ainsi être atteints chez les enfants et les jeunes participants : une autodétermination critique et réfléchie, la solidarité et la conscience en matière de développement durable, une capacité d’action et de résistance, ainsi que l’aptitude à communiquer et l’emploi de formes de communication non violentes. Ces objectifs couvrent tous les domaines essentiels cités dans la résolution des Nations-Unies A/52/243 comme champs d’action pour la promotion d’une culture de la paix.
Lorsque l’on examine ces conditions indispensables à une culture de la paix, il semble d’autant plus pertinent de dire que les enfants sont notre avenir. En effet, quiconque apprend dans ses jeunes années à percevoir la diversité comme une chance et la différence comme une richesse sera moins enclin, une fois adulte, à accepter la violence comme un mode de résolution des conflits. Les projets d’échanges interculturels de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi contribuent de manière préventive à la promotion de la paix en favorisant, sur le plan individuel, des évolutions qui aboutiront vraisemblablement à l’émergence de personnes pacifiques, prêtes à défendre leurs valeurs et à s’engager pour une cohabitation harmonieuse.
