Un soldat ougandais servant dans le cadre de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) vérifie la température d'un membre du personnel de sécurité dans le cadre des mesures anti Covid-19, avril 2020. AMISOM Photo/Steven Candia
DCAF - Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité Dawn Lui Assistant de recherche Division des politiques et de la recherche

Le secteur de la sécurité est souvent le premier intervenant déployé en cas d’urgence, ce qui soulève des questions et des préoccupations relatives à la responsabilisation et à la surveillance, qui sont des dimensions indissociables de ce processus. La pandémie de COVID-19 est avant tout une crise de santé publique, même si ses implications sont à la fois vastes et profondes. L’intérêt de la gouvernance démocratique est de répondre aux défis de sécurité du moment, mais aussi émergents. Malheureusement, cette pandémie est à l’origine de situations qui compliquent la garantie de la sûreté humaine et nationale dans des secteurs de la sécurité responsables de leurs actes, efficaces et gouvernés de manière démocratique. En réalité, les pandémies ne touchent pas toutes les personnes de façon égalitaire, mais affectent de manière disproportionnée les groupes les plus vulnérables et sous-représentés.

Tels que d’autres défis sécuritaires émergents (migration mixte, cybersécurité, changement climatique, etc.), la COVID-19 est une crise transnationale et transfrontalière. De plus, elle contraint les prestataires de sécurité nationaux à d’effectuer des tâches qui ne relèvent pas de leur rôle ni de leur responsabilité. La coopération multisectorielle est pourtant un élément essentiel pour assurer la sûreté de tous, femmes, hommes, garçons, filles et minorités de genre. Il existe donc un risque de divergence entre les processus nationaux que sont la gouvernance du secteur de la sécurité (SSG) et sa réforme (SSG/R), et la crise mondiale qu’engendre la COVID-19. Malgré cela, la COVID-19 a été considérée comme une crise nationale dans chaque pays touché, ce qui signifie qu’une bonne SSG au niveau national reste cruciale pour garantir une réponse responsable à la crise. Du point de vue analytique, la SSG décrit le fonctionnement du secteur de la sécurité d’un État dans la réalité, en se référant au principe normatif qui régit la manière dont les démocraties doivent assurer la sûreté du pays et de sa population, en particulier en temps de crise. Une bonne SSG aspire en priorité à améliorer la sécurité des individus, des communautés et des États, tout en garantissant le respect des droits humains et de l’État de droit.

L’impact sans précédent de la COVID-19 sur les sociétés et leurs institutions a conduit à une série de décisions extraordinaires de la part des gouvernements du monde entier. La pandémie a touché toutes les dimensions du secteur de la sécurité: des principes et valeurs aux questions transversales, des fournisseurs aux responsables de la sécurité. Les institutions de surveillance et de responsabilisation sont soumises à une pression extrême pour garantir que les acteurs de la sécurité agissent dans le respect de la loi et des droits humains, ainsi que pour gérer le retour à la normale. Il est donc clairement nécessaire de poursuivre et d’élargir l’analyse de l’impact de la COVID-19 sur la SSG/R, et des pandémies en général. Cela signifie qu’il faut non seulement se pencher sur les réactions d’urgence immédiates, mais aussi gérer les conséquences à long terme. Cela inclut également l’élaboration de mesures futures qui permettraient d’atténuer les chocs d’une crise similaire et d’alléger les pressions sur les prestataires du secteur, dans le but ultime d’assurer une meilleure sécurité pour les individus, les communautés et les États.

DCAF - Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité Dawn Lui Assistant de recherche Division des politiques et de la recherche