Sécheresse, 2009. Brigitt Altwegg
Canton de Vaud Brigitt Altwegg brigitt.altwegg@vd.ch Chargée de missions administratives et stratégiques

L’année 2020 a non seulement été marquée par la pandémie de coronavirus, mais elle s’inscrit aussi dans la décennie la plus chaude jamais enregistrée. A l’heure de l’urgence climatique, où la trajectoire actuelle des émissions nous amène à un réchauffement planétaire de 3-5°C d’ici la fin du siècle – alors que nous savons qu’un réchauffement de plus de 1,5 °C provoquera la perte irréversible d’écosystèmes ainsi que des crises à répétition au sein de populations – il est impossible de parler de santé et de paix sans prendre en compte le climat.

En 2014, le GIEC a affirmé que le changement climatique affecte la santé: directement, par la surmortalité et la morbidité dues aux épisodes de chaleur extrême, aux inondations et à d’autres phénomènes météorologiques extrêmes, et indirectement, par les modifications des écosystèmes et des systèmes sociaux-économiques. La pression que l’humain exerce sur l’environnement et la biodiversité n’a fait que croître: les exemples sont nombreux pour ce qui est des matières premières, comme pour l’usage exponentiel et notre dépendance aux énergies fossiles. Aujourd’hui nous arrivons aux limites planétaires, voire les dépassons à plusieurs niveaux. Les espaces naturels ont été réduits drastiquement et les effets des changements climatiques sont déjà bien visibles partout. Le rapport de l’IPBES sur les pandémies décrit ces conséquences sur la santé, notamment en raison de la prolifération de moustiques et de tiques porteurs de maladies infectieuses, de l’augmentation de maladies respiratoires et des maladies d’origine hydrique ou encore d’une augmentation du risque de zoonoses telles que les coronavirus. De plus, les modifications des écosystèmes exercent une pression sur les systèmes économiques et sociaux et la santé humaine, par la modification de la production agricole, la perte de productivité, les incidents liés aux dangers naturels, ou les déplacements de population. Ceci peut provoquer de l’insécurité alimentaire, des troubles mentaux ou des conflits violents.

« Faire la paix avec la nature est la grande mission de notre siècle. Elle doit être la priorité absolue de chacun, partout dans le monde» et «Cela n’a aucun sens de penser que les populations – et le développement – sont en quelque sorte séparés de la planète. Nous sommes ancrés dans la nature», affirment António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, et Pedro Conceição, Directeur du Bureau du Rapport sur le développement humain au PNUD. La promotion du ‘nexus humanitaire-développement-paix’ et la lutte contre le changement climatique se renforçant mutuellement, il convient d’adopter une approche holistique de la santé, englobant l’interdépendance entre la nature et l’humain. Il convient également de rapprocher les sciences naturelles et les sciences humaines et sociales, et de renforcer les liens entre politiques publiques au niveau local, national et global afin de permettre l’émergence et le partage de solutions aux défis auxquels nous sommes confrontés.

Les plans climat nationaux, cantonaux et communaux, qui prennent une approche interdisciplinaire et transversale impliquant les acteurs à toutes les échelles de la société, s’inscrivent dans cet effort. Les Programmes nationaux de recherche “Virage énergétique” (PNR 70) ont démontré qu’il est en principe possible, avec les moyens techniques et financiers connus à l’heure actuelle, de sortir des énergies fossiles dans des conditions socio-économiques acceptables. Ce virage devra veiller à prendre soin du patrimoine naturel et de la vitalité des écosystèmes. Ce cercle vertueux sera indispensable si nous souhaitons promouvoir la paix et la santé.

Canton de Vaud Brigitt Altwegg brigitt.altwegg@vd.ch Chargée de missions administratives et stratégiques