Peinture murale à Amman de Akut, 2016 / Creative Commons
Netzwerk Istanbul Konvention Simone Eggler Coordinatrice

La coordination post Beijing des ONG suisses, composée d’environ 35 organisations de tout l’éventail politique et social, s’engage en faveur des droits des femmes en Suisse depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Alors que ses organisations membres travaillent sur le thème de la paix dans les contextes affectés par les conflits et la guerre, le réseau suisse se consacre au domaine de la “paix” au sens plus large. Le réseau se concentre en particulier sur la paix sociale, qui ne peut exister si les femmes et les jeunes filles n’ont pas les mêmes chances que les hommes. La violence domestique est un autre domaine que le réseau aborde dans le contexte de la paix.

Des progrès ont été réalisées dans ces domaines depuis Beijing: Le viol conjugal est désormais une infraction pénale, la violence domestique n’est plus considérée comme une affaire privée, l’avortement a été dépénalisé et une lutte efficace contre la traite des êtres humains a été initiée par des acteurs importants qui travaillent de façon collaborative. Cependant, la protection des victimes et l’accès aux droits ne sont pas encore une réalité pour toutes les victimes de la traite des femmes.

La Suisse a ratifié la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, y compris les protocoles facultatifs concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, la vente, prostitution d’enfants et pornographie enfantine.

En ce qui concerne les activités étrangères, on peut se satisfaire des directives suisses pour la protection des défenseurs des droits de l’homme. Cependant, leur faible soutien par d’autres pays tiers reste problématique. Le manque de participation et d’implication des femmes dans les processus de paix reste alarmant. De même, les efforts afin d’adopter une perspective de genre dans les stratégies de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme restent insuffisants. Les effets que le commerce, l’exportation d’armes légères et de munitions vers les zones de conflit ont sur les femmes sont toujours aussi négatifs ; notamment car les fabricants d’armes ne remplissent pas suffisamment leur obligation en vertu du traité sur le commerce des armes de 2014 qui les obligent à surveiller l’utilisation d’armes et leurs conséquences sur la violence contre les femmes.

Pour que la Suisse puisse célébrer sans réserve les différents anniversaires, il faudrait continuer à promouvoir l’égalité des sexes. Des efforts considérables sont encore nécessaires pour briser les stéréotypes sur les rôles et faire de l’égalité des chances une réalité. C’est pourquoi il est indispensable d’augmenter le nombre de femmes aux postes de décision, d’assurer l’égalité des salaires et de faire en sorte que les femmes puissent concilier vie professionnelle et vie familiale, mais aussi politique. La pandémie du Corona et la composition du panel d’expert qui en découle a particulièrement prouvé que de sérieux défis restent à relever en terme d’équilibre de genre au niveau décisionnel!

Nous pensons donc que cet anniversaire ne devrait être célébré que dans la certitude que des efforts seront rapidement déployés pour progresser vers l’égalité.

Netzwerk Istanbul Konvention Simone Eggler Coordinatrice