Depuis des décennies, la vie des Colombiens est marquée par la violence. Le conflit armé est ancré dans l’histoire du pays et la signature de l’accord de paix n’a pas permis de mettre un terme à cette violence.

Chaque jour, des informations font état de l’assassinat de personnalités populaires luttant pour leurs droits, d’écologistes protégeant la nature, d’ancien·ne·s combattant·e·s tentant de se réinsérer dans la société, de femmes parce qu’elles sont des femmes et de jeunes parce qu’ils et elles expriment leurs opinions critiques. L’intimidation, l’extorsion et la peur font partie de la vie quotidienne de nombreuses personnes.

La société colombienne oscille entre richesse et pauvreté, avec près de 50 % de la population travaillant de manière informelle. La pandémie, en accentuant les inégalités, a révélé que le pays était encore loin d’avoir éradiqué la pauvreté. Une pauvreté qui, au-delà des pénuries alimentaires, se manifeste aussi dans le manque de liberté d’expression, de participation politique, de perspectives.

Atucsara, organisation partenaire d’Action de Carême, travaille avec des communautés paysannes dans le département du Cauca. Son approche holistique englobe différentes dimensions, de l’amélioration de la production agricole à la participation à la vie politique, afin de permettre aux membres de la communauté de soumettre leurs idées et de participer aux discussions et aux processus décisionnels. Tout cela n’aurait aucun sens si un travail sur la culture de la paix et l’égalité des sexes n’était mené en parallèle. Cela reviendrait à occulter une dimension importante, celle de la conscience que chaque individu peut contribuer de façon non négligeable à la construction de la paix.

La paix s’enracine dans le passé, les relations humaines et la justice de genre. Elle dépend des intérêts de différents groupes et des conflits qui secouent les régions concernées. En faisant prendre conscience à chaque individu qu’il peut changer sa réalité, le travail d’Atucsara contribue à une culture de la paix.

Les projets de l’association ne consistent pas seulement à transmettre du savoir. Ils permettent par exemple d’accompagner le développement de groupes d’épargne favorisant la confiance et la responsabilité entre les personnes. Ils favorise une réflexion conjointe pour trouver des solutions alternatives à la culture de la coca. Les participant·e·s peuvent soumettre des propositions et des doléances à travers lesquelles ils·elles menent une réflexion intergénérationnelle sur leurs relations et abordent des sujets sensibles (tels que la violence domestique) ou clivants (tels que la réconciliation et le pardon dans un contexte de conflits). Autant d’éléments qui participent la mise en place d’une coexistence pacifique au sein des communautés.

«Faire advenir la paix, c’est créer des valeurs, respecter les croyances, chercher des stratégies de cohabitation saines et non violentes. C’est savoir comment vivre avec son voisin et montrer l’exemple. C’est être en mesure de comprendre et de démêler la souffrance d’autrui.»