Des employées domestiques au Salvador exigent une culture de la non-violence lors d'une manifestation le 8 mars et la promeuvent également au sein de leur syndicat. Pont - Le pont

À l’échelle mondiale, le Salvador enregistre l’un des taux les plus élevés de violences et de féminicides. Ceux-ci concernent notamment le personnel de maison, par ailleurs exposé à la discrimination sur son lieu de travail. Au sein du syndicat Simuthres, près de 350 femmes militent pour leurs droits et s’engagent pour l’instauration d’une culture de la non-violence.

Au Salvador, le personnel de maison est plus exposé qu’ailleurs aux violences sexistes contre les femmes, vit souvent dans des quartiers contrôlés par des bandes et est exploité par les personnes qui les emploient. C’est dans ce contexte que Brücke · Le pont soutient un syndicat d’employées de maison, le Sindicato de mujeres trabajadoras del hogar remuneradas salvadoreñas (Simuthres). Ce projet collectif milite pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleuses domestiques. Celles-ci bénéficient de formations et d’une assistance juridique et psychologique qui leur apprend à défendre leurs droits d’humain et de travailleuse. Le syndicat organise par ailleurs des campagnes de sensibilisation et des alliances pour promouvoir les droits du personnel de maison auprès des institutions étatiques.

La gestion des conflits internes

Afin de mener à bien ces projets, le syndicat doit disposer d’une solide organisation interne et présenter un front uni aux interlocuteurs et interlocutrices extérieur·e·s. Cela n’a rien d’évident au vu de sa structure: il s’agit d’une organisation de base où chaque employée apporte son expérience personnelle et complexe de la violence et de la discrimination. La plupart d’entre elles n’ont jamais collaboré au sein d’un groupe. Depuis la création du syndicat en 2014, les membres ont fait un important travail collectif d’apprentissage. Elles ont réalisé qu’en plus de leurs tâches principales, elles doivent investir du temps et des ressources dans la création d’un environnement de travail interne sain.

Aujourd’hui, ces femmes organisent régulièrement des ateliers sur la transformation des conflits, lors desquels elles parlent de stratégies de résolution des conflits internes, de communication non violente et assertive, d’indépendance et de bien-être émotionnels et des relations humaines. Elles ont également fixé ensemble les règles de leur collaboration, basées sur le respect mutuel et le consensus. Pour ce faire, les membres du comité directeur ont dû fluidifier leur communication interpersonnelle, ainsi que celle avec les membres du syndicat et les nouvelles recrues bénéficient d’un accompagnement individuel pour favoriser au maximum leur intégration.

Syndicalistes ou citoyennes, des femmes qui s’affirment

Les différents domaines d’action de Simuthres se renforcent mutuellement: grâce aux formations sur le genre et le droit du travail, les membres du syndicat appréhendent mieux la dimension structurelle des violences faites aux femmes et au personnel de maison, et analysent mieux les expériences de leurs camarades. Encouragées à donner leur avis au sein du syndicat, elles apprennent en même temps à faire valoir leurs droits sur leur lieu de travail et à se défendre contre les abus.

Et parce que leur expérience de la violence est si diverse, il est pour elles essentiel de faire du syndicat un lieu de non-violence. Loin d’être évident, ce projet exige une attention constante. À travers leur engagement, ces femmes promeuvent une culture de la non-violence à différents niveaux.