N° 158
Décembre 2018
Ecofeminisme UNES 2018. Photo de UNES
UNES Carolina Amaya, Nidia Hidalgo, Luis González Eirene Suisse Patricia Carron info@eirenesuisse.ch Chargée de programme pour l'Amérique Centrale

Le Salvador occupe l’une des premières places mondiales en matière de vulnérabilité et de risque climatique, en raison de l’état actuel de ses ressources naturelles. De 2009 à 2015, 7 années ininterrompues d’inondations (3 ans) et de sécheresse (4 ans) ont engendré plus de 1,6 milliard de dollars de pertes (230 millions annuels, soit 1,3% du PIB). La sécheresse a induit une réduction drastique du débit d’eau disponible : le volume a diminué de plus de 90% à l’est du pays.

Ces crises affectent différemment les hommes et les femmes, puisque la culture patriarcale dominante dans cette région impose aux femmes la responsabilité de se procurer les ressources naturelles comme l’eau et l’énergie, notamment pour la cuisson des aliments. Elles sont dépendantes des ressources naturelles disponibles. A titre d’exemple, le temps nécessaire pour obtenir dix litres d’eau dans les communautés du Salvador peut aller jusqu’à deux heures, en raison de la longueur des trajets à parcourir et du temps d’attente pour que les sources d’eau s’approvisionnent.

Les conflits entre communautés et industries pour l’utilisation et le contrôle de l’eau ont augmenté cette dernière décennie. Des femmes témoignent avoir été victimes d’agressions et de viols lorsqu’elles se déplaçaient dans des lieux isolés à la recherche d’eau ou de bois pour la cuisine. De plus, les femmes qui militent pour le droit à l’eau sont confrontées à plusieurs types de violences, discriminations et criminalisations. Comme Sonia Sanchez, leader de la communauté de Saint Thomas, poursuivie en justice pour diffamation par le Groupe Roble parce qu’elle dénonçait des actions responsables du tarissement de plusieurs sources d’eau.

Dans un pays où le nombre de féminicides en avril 2018 compte 135 victimes, les conflits environnementaux, prolifèrent. Cela ne va pas aller en s’améliorant : les scénarios climatiques prévoient une réduction de l’eau au Salvador allant jusqu’à 40% en 2050 et 82% en 2100. Cette situation risque encore d’accentuer les violences dans ce pays et exige donc un virage à 180° et un recentrage sur la gestion durable de l’environnement. L’Etat devrait notamment donner la priorité aux populations les plus bafouées et générer des mécanismes de participation et d’inclusion des femmes qui représentent 53% de la population et qui sont encore absentes des décisions qui concernent tant la famille que le pays.

Dans ce contexte, la UNES (Unidad Ecológica Salvadoreña), appuyé par Eirene Suisse au Salvador grâce à l’envoi de volontaires qualifiés, forme les communautés à la prise de conscience et la défense des ressources naturelles. La dimension de genre fait partie intégrante de son action : l’association forme en effet des leaders communautaires hommes et femmes, pour la défense de leurs droits, notamment en lien avec les problématiques mentionnées ci-dessus. Plus spécifiquement, elle forme les membres des communautés sur l’auto-détermination des femmes et la masculinité positive, afin de réduire les violences faites aux femmes, exacerbées par les problèmes d’accès à l’eau.

UNES Carolina Amaya, Nidia Hidalgo, Luis González Eirene Suisse Patricia Carron info@eirenesuisse.ch Chargée de programme pour l'Amérique Centrale