En 1991, l’Érythrée a conquis son indépendance vis-à-vis de l’Éthiopie, après des décennies de lutte. Depuis, le pays est régi par Isaias Afwerki, ancien membre du Front populaire de libération de l’Érythrée. Au début, l’avenir du pays s’annonçait sous de bons auspices. Mais depuis la guerre avec l’Éthiopie sur le tracé de la frontière (1998–2000), le pays vit sous l’état d’urgence. Le régime utilise cette situation pour justifier l’instauration d’un service militaire à durée indéterminée. Les élections promises n’ont jamais été organisées, la Constitution n’a toujours pas été mise en œuvre. Les médias indépendants et les organisations de la société civile sont interdits. Les opposants sont emprisonnés ou ont quitté le pays.

En 2016, 5000 Érythréennes et Érythréens ont fui leur pays chaque mois. Plus de 150 000 réfugiés sont recensés en Éthiopie et plus de 100 000 au Soudan. En Europe, la Suisse est l’un des pays les plus recherchés par les requérants d’asile érythréens.

Depuis 2014, vu l’importance du nombre de demandes et le taux de protection très élevé, les Européens sont divisés sur la situation réelle en Érythrée. Les hommes politiques, notamment, tentent constamment d’enjoliver les conditions de vie de la population civile pour justifier un renvoi des réfugiés dans leur pays. À l’heure actuelle, l’exécution du renvoi en Érythrée est impossible en Europe. En Suisse, le Secrétariat d’État aux migrations a quant à lui durci la pratique en 2016. Depuis, les personnes qui ne peuvent avancer aucun autre motif d’asile que la sortie illégale de leur pays ne sont plus reconnues comme réfugiées. L’UE a pris diverses mesures pour contenir la migration en-dehors des frontières de l’Europe. Elle soutient ainsi le Soudan, l’Érythrée et la Libye dans le contrôle de leurs frontières.

Vu les drames vécus par nombre de migrants durant leur tentative de passage vers l’Europe, les États européens devraient se concentrer sur les possibilités d’une migration légale et sur la mise à disposition de places de réinstallation plutôt que de céder à une politique de repli sur soi. Tant que la situation en Érythrée ne s’améliorera pas, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés ne voit aucune raison justifiant un durcissement de la pratique en matière d’asile.