Julienne Mouala. Photo: Conciliation Resources
Conciliation Resources Emily Deeming edeeming@c-r.org

Julienne Mouala a découvert ce qu’était la psychologie de l’enfant lorsqu’elle a commencé à travailler comme jeune professeure dans une école de Bangui, en République centrafricaine. En prenant le temps d’écouter chacun des élèves de sa classe, elle a essayé de percer à jour leurs histoires, pensées et préoccupations.

À mesure que le conflit entre les factions armées du pays s’intensifiait, Julienne a décidé de se consacrer à la protection des enfants qui avaient perdu leurs parents et arrivaient seuls à Bangui.

Aujourd’hui, elle travaille en tant que conseillère en psychosociologie auprès de Femmes Hommes Action Plus (FHAP), une organisation non gouvernementale qui œuvre à la protection des enfants et des femmes vulnérables. L’organisation internationale de promotion de la paix Conciliation Resources travaille en étroite collaboration avec FHAP depuis 2012.

Julienne considère le travail psychosocial avec les enfants comme un élément central dans le processus de paix et de stabilité du pays.

« Ces enfants ont assisté à des choses terribles. Leurs parents ont été tués sous leurs yeux, leurs mères se sont faites violer en leur présence. Comment peuvent-ils oublier de tels traumatismes ? Les enfants reproduisent ce qu’ils voient, or ils ont vu des personnes avec des armes à feu et les anti-Balaka avec des machettes. »

Depuis le début du conflit, elle a remarqué que beaucoup d’enfants jouent aux rebelles armés avec des bouts de bois en guise de pistolets.

« Ce phénomène est très dangereux. Si nous ne sommes pas vigilants, ces enfants deviendront des rebelles. »

Pour s’attaquer à ces problématiques, Julienne a participé à la création d’espaces dédiés aux enfants sur des sites pour déplacés internes de Bangui. Dans ces espaces, Julienne et ses collègues de FHAP ne montrent pas uniquement aux enfants comment ils peuvent jouer de façon pacifique ; ils créent avant tout un environnement qui leur permet de parler de ce qu’ils ont vécu.

Si la situation à Bangui est désormais globalement stable, cette paix relative reste fragile. La plupart des habitants de la capitale centrafricaine ressentent aujourd’hui encore les conséquences des violences et souffrent de stress post-traumatique. Toutefois, grâce à l’aide de Julienne et de FHAP, certains enfants peuvent à présent retourner à l’école et jouer avec leurs camarades.

Conciliation Resources Emily Deeming edeeming@c-r.org