tentative pour alimenter le dialogue politique sur la migration et le développement à partir de l’expérience de la société civile suisse
Le 10 novembre 2017, la Plateforme de la société civile suisse sur la migration et le développement (mdplatform.ch) a organisé sa première conférence annuelle. Inaugurée en 2016, mdplatform.ch offre un espace pour le partage d’informations entre les acteurs intéressés par les rapports entre migration et développement. Cette initiative est coordonnée par Caritas Suisse et Helvetas, et financée par la Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération suisse. Elle compte actuellement plus de 80 organisations membres.
Intitulée « Migrations et développement : initiatives suisses et débats internationaux – Priorités et expériences de la société civile dans le domaine des migrations et du développement à l’échelle locale et à l’international », cette première conférence poursuivait un double objectif. Le premier était de présenter les expériences pratiques des membres de mdplatform.ch et d’en tirer des enseignements. Leur travail traite en effet de diverses questions liées aux migrations (droits humains, intégration, migrations de travail, etc.) ; il porte sur différentes « phases » du cycle de migration (de la préparation au départ jusqu’au retour au pays) et se déroule dans plusieurs pays (en Suisse comme à l’étranger). Le fait de partager leurs expériences et les défis qu’ils rencontrent au quotidien a permis aux membres de la plateforme d’identifier les implications politiques qui faisaient l’objet de la seconde partie de la conférence. Cette dernière a pris la forme d’un débat d’experts réunissant le maire de Berne, l’ambassadeur suisse chargé du développement, du déplacement forcé et de la migration, ainsi que des représentants de l’Université de Berne, du site Internet albinfo.ch, de Somaliland Swiss Association et de Caritas Suisse. Les intervenants ont ainsi eu l’occasion d’échanger leurs opinions sur leurs priorités respectives dans le contexte plus large des négociations en cours autour d’un Pacte global sur la migration dans le cadre des Nations Unies.
La session du matin comme celle de l’après-midi ont mis en évidence un ensemble de préoccupations communes. Les participants ont ainsi souligné la nécessité de favoriser un changement de perception de la migration. En effet, si elle est souvent dépeinte comme un fardeau, il suffit d’étudier d’un peu plus près le phénomène pour constater les avantages de cette « mobilité ». Au-delà de l’aspect financier, les bénéfices englobent par exemple les transferts de technologies, le partage de savoir-faire et les échanges culturels. Lors de la conférence, les migrations ont été décrites non seulement comme une réalité historique, mais aussi comme une partie intégrante du développement et une « bouffée d’oxygène pour la société ». Ces remarques ont montré à quel point il est important de mettre en place les conditions cadres nécessaires pour encourager au maximum les évolutions positives tout en travaillant en parallèle sur les causes des départs et sur l’amélioration de la protection dans le cas de la migration forcée.
Par ailleurs, les négociations autour du Pacte global sur la migration ont été présentées comme une opportunité pour contribuer à ce changement de perception et pour améliorer la gouvernance de la migration en mettant l’accent sur la protection des droits des migrants. Les participants ont affirmé la nécessité d’ancrer solidement le Pacte global sur la migration dans le contexte des droits humains et de l’Agenda 2030 de développement durable. Ils ont également souligné qu’il devait contenir des engagements concrets et mesurables pour garantir une mise en œuvre effective tout en comblant les lacunes de protection actuelles. L’approche multipartite qui caractérise le processus de consultation sur le Pacte global devra en outre être renforcée dans la phase de mise en œuvre. Les participants ont attiré l’attention sur le rôle important et les responsabilités de la société civile et du secteur privé pour garantir une mise en œuvre efficace au plan national et international. Enfin, ils ont insisté à plusieurs reprises sur les efforts qui restent à fournir en matière de cohérence des politiques de développement.
Cette première conférence avait pour but d’alimenter le dialogue politique sur le thème de la migration et du développement grâce aux expériences d’un ensemble très varié d’acteurs de la société civile travaillant sur cette question. Elle a donné lieu à des discussions constructives et enrichissantes, ainsi qu’à un apprentissage mutuel entre les participants. Elle constitue enfin une base solide pour poursuivre ces échanges à l’avenir.
