N° 153
Décembre 2017
Arrivée de migrants haïtiens expulsés au poste-frontière de Belladère. Photo de SJMSFw-Haïti

En septembre 2013, la Cour Constitutionnelle de la République dominicaine a adopté un arrêt qui déchoit de la nationalité dominicaine toute personne née sur le territoire dominicain entre 1929 et 2010 et dont les parents se trouvaient en situation de « transit » au moment de sa naissance. Plus de 200 000 personnes, en immense majorité d’ascendance haïtienne, sont devenues ainsi apatrides.

Cette situation est le fruit d’une idéologie ultranationaliste teintée d’anti-haïtianisme qui assimile la migration haïtienne vers la République Dominicaine à une « invasion pacifique ». Or, cette migration a longtemps été encouragée par l’État dominicain car elle pourvoyait une main d’œuvre bon marché, notamment à l’industrie sucrière. Lorsque ladite industrie a commencé à décliner au cours des années 1980, la présence de ces Haïtien-ne-s et Dominicain-e-s d’ascendance haïtienne n’a plus été vue d’un très bon œil.

À partir de juin 2015, des expulsions massives des ressortissant-e-s haïtien-ne-s du territoire dominicain se sont mises en place sous prétexte que ces personnes se trouvaient en situation d’irrégularité dans le pays. Or, des personnes en possession de documents de séjour valides ont aussi été expulsées, ainsi que des Dominicain-e-s d’ascendance haïtienne. En outre, des cas de violences, séparation des familles, et destruction de papiers d’identité des migrant-e-s ont été dénoncés.

Eirene Suisse est une organisation qui lutte pour la promotion de la paix et qui travaille dans le domaine de la coopération par échange de personnes. Depuis plusieurs années, nous appuyons des ONGs haïtiennes de défense des droits des migrant-e-s, tel que le SJM/SFw-Haïti (Service Jésuite aux Migrants/Solidarite Fwontalye-Haïti) ou le GARR (Groupe d’appui aux Rapatriés et Réfugiés). Actuellement, deux volontaires suisses travaillent au renforcement du secteur communication et plaidoyer de ces deux organisations, dans l’objectif d’appuyer les expulsé-e-s de la République dominicaine dans l’accès à leurs droits.

Le GARR et le SJM/SFw-Haïti travaillent en coordination avec d’autres organisations de la société civile d’Haïti et de la République dominicaine pour promouvoir le respect des droits humains et des relations harmonieuses entre les deux pays.