Thomas Greminger, secrétaire général de l’OSCE. Photo : OSCE/Micky Kroell

En tant que plateforme inclusive de dialogue, l’OSCE vise à faciliter la résolution de conflits et de différends de manière pacifique, au moyen d’une boîte à outils complète, adaptée à tous les stades du cycle d’un conflit, laquelle comprend la facilitation du dialogue et la médiation. À cet effet, l’OSCE s’efforce d’améliorer les capacités à traiter les causes d’instabilité et à promouvoir des sociétés pacifiques résilientes aux conflits violents. Les organisations de la société civile (OSC) sont des partenaires cruciaux pour l’OSCE car elles peuvent alerter rapidement sur la montée de tensions, faciliter le dialogue pour régler les différends au plus vite, contribuer aux processus de réconciliation via l’engagement des citoyens et renforcer les sociétés pacifiques et tolérantes. Les OSC jouent également un rôle central dans une inclusion effective des femmes, la prévention et la résolution de conflits, et la mise en œuvre d’efforts visant à consolider la paix à très long terme. Elles permettent l’existence de plateformes majeures favorisant l’émancipation des femmes et aidant ces dernières à faire entendre leur voix.

Par ailleurs, la société civile peut grandement contribuer aux processus de paix engagés par l’OSCE, comme par exemple le processus de règlement transnistrien. Les OSC peuvent ainsi renforcer la légitimité de tels processus, encourager la confiance entre les communautés des différentes parties au conflit et élargir la participation, en garantissant que les problèmes qui touchent différents segments de la société soient pris en compte dans les négociations. Tout cela permet une mise en œuvre plus globale et durable des solutions adoptées.

Il est toutefois indispensable de tenir compte du contexte et de la complexité du conflit lors d’une collaboration avec les OSC. De même, il ne faut pas considérer la participation de celles-ci comme un remède à tous les maux. En effet, dans les discours publics, les OSC sont souvent perçues comme pacifiques. Mais ce serait perdre de vue le fait que certaines d’entre elles sont étroitement liées à des parties au conflit et font donc souvent davantage partie du problème que de la solution. Cela semble particulièrement vrai dans les sociétés touchées par un conflit. Dans ce cas, il se peut que les OSC aggisent pour le compte de parties au conflit et renforcent ainsi la défense d’intérêts particuliers lors des discussions. Cela a de graves conséquences pour la légitimité de ces OSC et constitue un obstacle à leur participation aux processus de médiation officiels.

En outre, les OSC sont souvent très fragmentées et divisées sur les problématiques qu’elles considèrent importantes, ce qui constitue un autre défi pour leur inclusion dans les processus de paix. Il existe de nombreux exemples d’initiatives de paix ayant inclus des représentants de la société civile sans leur avoir donné l’opportunité de consolider au préalable leurs positions et revendications. Leur groupe était alors fortement divisé et pouvait être facilement manipulé ou instrumentalisé par les parties au conflit. Inclure les OSC d’une telle manière va donc à l’encontre de la raison initiale de leur inclusion.

Lorsque l’OSCE travaille avec les OSC dans le but de prévenir et résoudre un conflit, elle doit tenir compte de ces problématiques. La collaboration doit se limiter aux OSC qui adhèrent véritablement aux engagements et principes de l’OSCE. De même, les OSC partageant les mêmes opinions doivent créer des alliances stratégiques leur permettant de se coordonner, de manière à améliorer leur capacité à faire entendre leur voix et à avoir un impact positif sur les processus de résolution du conflit. Concevoir soigneusement les processus de médiation menés par l’OSCE en y intégrant de tels constats aide à créer un cadre solide pour la résolution pacifique de conflits et de différends.