Le projet cfd Ndal – stop vise à faire travailler des jeunes sur de courtes pièces de théâtre thématisant la violence basée sur le genre. Lors des représentations, le public s’exprime sur la manière de modifier et d’améliorer les scènes pour que les situations présentées soient gérées sans violence. Le théâtre sert ainsi d’outil pour initier un changement sociétal. Photo : Majlinda Hoxha

Plus de vingt ans après la fin de la guerre, la violence basée sur le genre est encore largement répandue en Bosnie et Herzégovine et au Kosovo. Des études indiquent qu’une femme sur quatre en est victime en Bosnie et Herzégovine. Dans la plupart des cas (71,5 %), les auteurs des faits sont les compagnons ou les ex-partenaires.

Au Kosovo, un tiers de la population pense que la violence physique fait partie d’une relation conjugale, que la violence domestique est une affaire de famille et qu’elle n’a pas à être signalée à la police. On estime que 41 % de la population féminine a été victime de violence conjugale en 2014, et qu’au cours de leur vie, 68 % des femmes en font l’expérience. La pauvreté est un facteur majeur parmi ceux pouvant être à l’origine des violences domestiques. Le harcèlement sexuel est, lui aussi, largement répandu dans ce pays.

La Bosnie et Herzégovine comme le Kosovo ont signé la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité et les deux pays ont élaboré, pour la mettre en application, des plans d’action nationaux (PNA 1325) dont la mise en œuvre est surveillée de près par des organisations de la société civile. Plus concrète et plus contraignante, la Convention d’Istanbul constitue un autre instrument important contre la violence domestique. En Bosnie et Herzégovine, une première stratégie est déployée depuis 2015 pour la mettre en application. Au Kosovo aussi, la Convention d’Istanbul est considérée comme un outil majeur pour lutter contre toutes les formes de violence dont sont victimes les femmes. Malheureusement, dans ces deux pays, un fossé énorme existe entre la réglementation et sa mise en œuvre au quotidien.

La violence basée sur le genre au cœur de deux projets

S’agissant de la violence basée sur le genre, impliquer, sensibiliser, protéger et prévenir sont des dimensions importantes et assumées des projets cfd. Dans le cadre de Snaga – force, en Bosnie et Herzégovine, des conseils et un soutien psychologique sont offerts aux femmes victimes de violence, dans les maisons d’accueil et les centres de conseil. Medica Zenica, l’organisation partenaire du cfd, entretient un réseau actif avec la police et d’autres organes officiels pour mieux protéger les victimes de violences domestiques et basées sur le genre. Les cours de formation et le soutien psychosocial proposés dans les villages permettent aux femmes de trouver du travail et d’échapper à la pauvreté. Elles ont ainsi la possibilité d’exploiter leur potentiel et leurs capacités et deviennent plus visibles aux yeux de la société, ce qui permet d’affaiblir les stéréotypes de genre et d’endiguer la violence et la discrimination sexospécifiques.

Au Kosovo, le projet Ndal – stop utilise le théâtre pour aider les femmes victimes de violence à surmonter ce qu’elles ont vécu. Il s’agit pour des jeunes de se confronter aux problématiques de la violence et des stéréotypes associés aux femmes et aux hommes dans le cadre de démarches créatives participatives. Dans les communes, des représentations publiques mettant en scène ces participantes et participants ainsi qu’un débat organisé par la suite mettent en lumière le problème de la violence basée sur le genre.

Intégration et inclusion

Bien souvent, les projets cfd organisés dans l’Europe du Sud-Est sont sciemment ouverts à des participants d’origine ethnique différente. Ainsi, Ndal – stop et Snaga – force réunissent des jeunes et des femmes d’ethnies différentes, issues de zones rurales comme urbaines. À petite échelle, cette approche jette des bases importantes pour l’ensemble de la société et pour la cohésion nationale dans ces deux pays.

Les projets cfd ont pour objectif de renforcer le bien-être psychique et la résilience de la population. Ils encouragent l’engagement politique des femmes au niveau local, dans l’optique d’un futur engagement à un niveau supérieur. Dans le contexte d’après-guerre, le Kosovo et la Bosnie et Herzégovine sont des États fragiles, s’apparentant de plus en plus à des États en faillite : de ce fait, l’engagement de la société civile y est d’autant plus important. Dans le cadre des projets cfd, des femmes et des jeunes s’engagent contre la violence et la discrimination. Les projets participatifs ouvrent de nouvelles perspectives. L’approche globale qui les sous-tend est une contribution importante à la transformation du conflit et à la promotion de la paix.