Depuis plus de cinq ans, la numérisation du secteur de la sécurité est un axe essentiel du travail du DCAF, Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité implanté à Genève. Fondation internationale de droit suisse, le centre a pour mission de promouvoir la bonne gouvernance dans le secteur de la sécurité. En matière de bonne gouvernance, la numérisation de ce secteur entraîne nombre de défis et d’opportunités. Par exemple, la numérisation des processus de travail peut accroître l’efficacité des acteur·rice·s de la sécurité. Des documents numérisés sont également potentiellement susceptibles d’améliorer la transparence de leur travail, et des acteur·rice·s de la surveillance tels que les parlements nationaux pourraient alors être plus facilement à même de demander des comptes aux secteurs de la sécurité. Qui plus est, avec des outils numériques, certains acteur·rice·s de la sécurité pourraient être en mesure de communiquer plus facilement avec le public, c’est-à-dire de transmettre plus efficacement des messages qui concernent la sécurité et de peut-être pouvoir mieux répondre aux besoins du public à ce sujet.
Cependant, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans le secteur de la sécurité entraîne de nombreux défis en matière de responsabilité et d’État de droit. Par exemple, à qui demander des comptes si l’intelligence artificielle effectue à la fois la prise de décisions et les tâches qui concernent la sécurité? Comment les acteur·rice·s de surveillance peuvent-ils suivre, comprendre et évaluer des processus de travail entièrement automatisés? Une sécurité numérisée fait également courir le risque que le mode d’utilisation des technologies, de surveillance par exemple, porte toujours plus atteinte à la vie privée des citoyen·ne·s. Comme toutes ces questions nécessitent de plus amples recherches, le DCAF continuera à examiner le rapport entre numérisation et bonne gouvernance dans le secteur de la sécurité, et fera paraître plusieurs publications sur la question dans les mois à venir.
Le DCAF fournit également une aide opérationnelle de terrain. L’organisation a prêté assistance à des ministères clés en matière de sécurité, tels que des ministères de l’Intérieur ou de la Défense. Ainsi, elle a veillé à ce qu’ils mettent en place des mécanismes de sécurité appropriés pour les protéger des potentielles cyberattaques. En 2018, avec l’aide du Foreign, Commonwealth and Development Office (Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement) institué au Royaume-Uni, le centre a lancé dans les Balkans occidentaux un projet régional de trois ans intitulé «Renforcer la gouvernance de la cybersécurité dans les Balkans de l’Ouest». Dans le cadre de ce projet, les intervenant·e·s ont organisé des formations pour les CERT (équipes d’intervention en cas d’urgence informatique) de ministères de l’Intérieur et de la Défense, ainsi que pour les CERT nationales. Ces équipes ont donc eu l’occasion d’élargir leur réseau national et international, c’est-à-dire d’établir un climat de confiance avec leurs collègues et de devenir membres d’associations internationales de CERT. La confiance est indispensable afin de communiquer efficacement avec d’autres CERT sur des questions sensibles, et par exemple de partager des détails sur les moyens d’analyse ou d’atténuation d’attaques. Afin d’assurer une réforme durable des CERT, le DCAF a également travaillé avec un nombre restreint d’entre eux pour examiner leur structure et leur gestion internes. Comment améliorer la mission, les politiques de ressources humaines ou les plans de formation de l’équipe afin qu’elle soit assurément en mesure de travailler plus efficacement, d’attirer et de retenir le personnel qui dispose des compétences adéquates? Dans les prochaines années, le DCAF envisage de poursuivre son aide à des groupes cibles clés, dans leurs efforts de protection contre les cyberattaques, renforcer leurs capacités propres et élargir leurs réseaux régionaux et internationaux respectifs.
