ACSIAM lance sa campagne "Exprimez vos émotions et soutenez-vous les uns les autres", mars 2020. Acisam
Terre des hommes Suisse Andrea Zellhuber andrea.zellhuber@terredeshommes.ch Responsable de la politique de développement et de la prévention de la violence

Au Salvador, la crise déclenchée par le coronavirus a mis en exergue l’autoritarisme du gouvernement du président Nayib Bukele. Dès le 11 mars, il fut l’un des premiers dirigeants d’Amérique latine à imposer l’état d’urgence national et des mesures strictes pour endiguer la pandémie. Implacablement, sur Twitter, il a ordonné que la police ou l’armée arrête toute personne qui dérogerait à la quarantaine domiciliaire sans motif valable. Ainsi, plus de 4000 personnes sont parfois restées enfermées jusqu’à 30 jours dans des centres, dits de quarantaine, temporairement installés dans des gymnases ou des salles des fêtes.

La politique d’information du gouvernement était confuse; les conférences de presse quotidiennes du président contribuaient davantage à l’incertitude générale qu’à la diffusion d’informations fiables sur la pandémie. Il en a résulté une grande inquiétude au sein de la population, de la panique et de la peur mais également de la colère face à la violation des droits civils. Le flot d’informations contradictoires dans les médias et sur les réseaux sociaux a renforcé cette tendance.

Partenaire de terre des hommes Suisse, l’organisation (communautaire) de base ACISAM a rapidement réagi à ce climat de peur par une campagne en ligne sur la gestion des émotions. L’organisation, spécialisée dans la prévention de la violence, a réagi en quelques jours au confinement. En effet, dans un contexte déjà marqué par la violence, la promiscuité pendant la quarantaine augmente le risque d’escalade de la violence. Par le biais de radios locales et des réseaux sociaux, les intervenant·e·s ont diffusé des informations pratiques: comment gérer les situations de tension à la maison? Quelles sont les méthodes de relaxation et comment puis-je gérer le stress? Comment parler de nos émotions pour prévenir la violence les uns envers les autres? Durant la crise du COVID-19, l’ACISAM s’inspire ainsi de son expérience relative au traitement des traumatismes pendant la période qui a suivi la guerre civile, dans les années 1990. À l’époque déjà, l’organisation avait développé des approches innovantes de soutien psychologique afin de remédier aux expériences traumatisantes de la guerre. En ces temps incertains de pandémie, les intervenant·e·s appliquent leurs compétences dans la promotion de la santé psychique et la prévention de la violence par le biais de campagnes en lignes créatives.

Par des messages simples et des images positives, ces intervenant·e·s contrebalancent un paysage de communication marqué par la peur et les reportages à sensation. Cette campagne invite à gérer ouvertement ses émotions, et à atténuer ainsi le stress psychique et les risques de violence domestique sous-jacents dans la situation extrême du confinement. Des messages sur l’écoute active et les capacités de communication doivent permettre aux familles d’apprendre à mieux maîtriser cette situation exceptionnelle. La campagne aborde également la notion de rôle du genre dans le cadre du travail de “care” pendant la pandémie, à l’aide d’exemples.

Terre des hommes Suisse Andrea Zellhuber andrea.zellhuber@terredeshommes.ch Responsable de la politique de développement et de la prévention de la violence