L’art implique échanges et collaboration, peut tout se permettre, et suscite des débats. C’est pourquoi, les initiatives artistiques, en tant qu’approche innovante, peuvent créer des lieux et des instants précieux pour favoriser les rencontres de la société civile, notamment dans les contextes de conflit, lorsque la société civile commence tout juste à se (re)former.
Le centre culturel « Sklad » en est un bon exemple. Il se trouve à Soukhoumi, capitale de l’Abkhazie, une région située dans les frontières internationalement reconnues de la Géorgie. Après des actes de guerre en 1992-1993, l’Abkhazie a déclaré son indépendance, mais celle-ci n’a été reconnue qu’en 2008, et uniquement par la Russie. Le conflit a poussé le pays dans l’isolement et la pauvreté, les tensions ethniques restent vives, et la scène politique locale est fortement influencée par la Russie.
Le centre culturel « Sklad », qui a vu le jour sous l’impulsion de la fondation suisse artasfoundation, représente une nouveauté dans la région : il n’appartient ni à l’État, ni à un groupe politique, et il présente de l’art local et international. Ses créateurs s’inspirent de la vie culturelle des grandes villes européennes, sans se laisser confisquer leur action par un quelconque groupe politique. L’art jouissant d’une totale liberté d’interprétation, le centre crée un espace de rencontres et de discussion indispensable à l’émergence d’une société civile.
Depuis sa création en octobre 2015, trois expositions y ont été organisées, ainsi que de nombreux événements. L’artiste Arkhip Labakhua, très connu au niveau local, par exemple, y a monté une exposition, un écrivain a présenté son dernier livre, et l’exposition d’art suisse coorganisée par artasfoundation a attiré plus de 500 visiteurs. Récemment, une journaliste a demandé une subvention pour exposer au « Sklad » des portraits de personnes appartenant à des minorités ethniques. La collaboration avec le centre culturel bénéficie du soutien financier de la Division Sécurité humaine du DFAE.
Les initiatives lancées attestent du fort besoin d’un lieu de rencontre, mais représentent aussi un défi compte tenu des ressources limitées – autant de problèmes bien connus des acteurs de la société civile locale.
