Ces dernières années, la capacité des organisations de la société civile à effectuer leur travail a considérablement diminué dans l’espace post-soviétique. La multiplication des restrictions des libertés fondamentales a pesé sur la marge de manœuvre dont dispose la société civile pour opérer sans crainte de représailles.

La Russie a donné un exemple problématique avec la loi sur les « agents de l’étranger », qui oblige les organisations ayant une « activité politique » – terme trop largement défini – et bénéficiant de financements étrangers à s’enregistrer comme « agents de l’étranger » et à œuvrer sous cette étiquette. Une autre loi récente confère aux autorités le droit de déclarer des organisations étrangères « indésirables », et plusieurs organisations donatrices et non gouvernementales ont été contraintes de mettre un terme à leurs programmes dans le pays. La législation répressive russe a aussi été appliquée aux relations avec la société civile en Crimée, et les défenseurs des droits humains se sont heurtés à des restrictions d’entrée et de sortie du territoire de la péninsule. Les défenseurs des droits de la minorité tatare ont été particulièrement exposés au harcèlement.

En Azerbaïdjan, la législation relative aux ONG restreint les conditions d’enregistrement et d’accès au financement de ces dernières. Les autorités y appliquent activement des dispositions contraignantes pour faire pression sur les ONG indépendantes et emprisonner leurs responsables. Même si dernièrement, certains défenseurs importants de la société civile ont été graciés et que quelques-uns ont vu leur peine de prison commuée en sursis, tous les autres demeurent injustement en prison, et en l’absence des réformes législatives nécessaires, l’ensemble des défenseurs des droits humains font face à des risques de persécutions.

Dans toute l’Asie centrale, les défenseurs des droits humains subissent des pressions. Alors que le climat demeure extrêmement répressif envers la société civile au Turkménistan et en Ouzbékistan, la situation s’est récemment détériorée au Kazakhstan, au Kirghizistan et au Tadjikistan, la protection de la sécurité nationale étant invoquée pour justifier le harcèlement des ONG et des militant(e)s et les atteintes à leurs droits.

Face à ce problème, les acteurs de tous niveaux doivent œuvrer avec plus de cohérence et de détermination à la mise en place d’un véritable changement positif. La Plateforme pour la solidarité civique (CSP) s’efforce de contrer cette dérive dans la région de l’OSCE en soutenant les défenseurs des droits humains les plus menacés. En mai, la CSP organise à Tbilissi un workshop organisé dans le cadre de la présidence allemande de l’OSCE sur le « rétrécissement de la marge de manœuvre de la société civile » afin d’élaborer des stratégies pour faire face aux défis actuels.